SAUVONS LA RECONCILIATION !
Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.fr
A Constantine, Abdekka a dénoncé la baisse de vigilance
des forces de sécurité. Je suis d’accord avec lui ! Et je me
demande d’ailleurs pourquoi le chef suprême des armées,
responsable tout désigné de ce relâchement, n’a toujours
pas démissionné.»
Au fait, c’est qui ?
Je récapitule ce que je viens d’entendre ces dernières heures.
Finalement, le mercredi noir n’était pas l’œuvre de kamikazes, mais de
pauvres bougres ayant pris le volant de véhicules qu’ils savaient
bourrés de charges explosives, les ont envoyés valdinguer contre le
siège du gouvernement et le commissariat de Bab Ezzouar, mais par
contre, ce que ces pauvres bougres ne savaient pas, c’est que des plus
méchants qu’eux étaient postés non loin des lieux des attentats et ont
déclenché les charges à distance, dans le cas où nos chérubins
conducteurs d’engins de mort auraient eu une peur de dernière minute.
Dine Allah ! Je ne sais pas quel est l’effet recherché derrière de
telles «révélations» ? Va-t-on nous expliquer que le mercredi noir
était moins noir parce que les vrais faux kamikazes se sont fait
doubler par les faux vrais émirs du GSPC ? Ne va-t-on pas, au fil des
jours et du refroidissement des tombes, nous assurer que les
«chauffeurs» d’Al Qaïda Maghreb ne sont en fait que de pauvres égarés
trompés par plus monstrueux qu’eux ? Attend-on de nous que nous
fassions œuvre de commisération face à ces jeunes dont les photos tous
sourires dehors nous bombardent tous les jours, comme autant d’appels à
l’indulgence et au pardon ? Autre joyeuseté entendue, pas plus loin
d’ailleurs que lors de ce fameux meeting de la Coupole qui est à la
spontanéité ce qu’est la guitare électrique à la musique chaâbie, c’est
la responsabilité pleine et entière des Etats-Unis dans les attentats
du 11 avril. Encore un petit effort, et Louisa va nous jurer que c’est
l’ambassadeur des States qui a actionné les bombes. Et dans cette
farandole de mains de l’étranger qui se liguent contre nous, dans cette
hystérie semi-collective où le portrait du chef de l’Etat est brandi à
chaque coin de rue faisant presque accroire que le 11 avril, il y a eu
en fait un double attentat contre Abdekka et non contre des
institutions et des citoyens, l’urgence des urgences, la priorité des
priorités opère de manière pépère un glissement pernicieux : ce qu’il
faut sauver aujourd’hui, ce qu’il faut préserver maintenant et tout de
suite, ce ne sont plus les vies des innocents, mais bien plutôt le
bilan de la réconciliation. Eh ben dis donc ! Je fume du thé et je
reste éveillé à cette nouvelle monstruosité, le cauchemar continue.
H. L.