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23 avril 2007

Dans les coulisses de la de la police scientifique

Ils enquêtent depuis une semaine sur le double attentat du 11 avril

Dans les coulisses de la de la police scientifique

● La police scientifique compte 1000 techniciens spécialistes des scènes de crime, les premiers à intervenir pour collecter les indices.


Mercredi 11, devant l’entrée du Palais du gouvernement. Quelques dizaines de minutes après l’explosion, ils sont déjà là. Dans leur combinaison blanche, une valise à la main. Indifférents aux sirènes d’ambulances affolées, stoïques face à la pression des badauds, impassibles devant l’horreur du tableau, les techniciens de la police scientifique commencent à décortiquer la scène de crime. Pendant plusieurs semaines, cette police de renommée internationale (grâce à l’expérience acquise pendant la décennie noire) va mobiliser ses meilleurs biologistes, chimistes, physiciens, appuyés par des technologies de pointe, au service de la justice. Tous ces scientifiques représentent 45% du personnel. Leur mission : reconstituer ce qui a disparu, matérialiser l’invisible, dévoiler ce qui a été dissimulé. Pour mieux comprendre cet univers fascinant, digne d’un épisode de la série américaine Les Experts, El Watan est entré au siège de la police scientifique de Châteauneuf et a exploré six de ses quatorze laboratoires spécialisés. Exactement, les six départements sollicités lors d’événements – explosions et désamorçages de bombes – tels que ceux qu’a connus Alger mercredi dernier : celui des techniciens de terrain, de l’identité judiciaire, des explosions, de la médecine légale, de l’ADN et de la balistique. De l’identification des explosifs collectés sur les lieux à celle de profils génétiques, les scientifiques nous ont raconté leur quotidien, consacré à faire parler les pièces à conviction.

Acétone, enveloppe kraft et coton
On les appelle les techniciens « scène de crime » : une fois que les artificiers sont passés pour s’assurer qu’aucune autre bombe ne menace d’exploser, ils sont les premiers à intervenir sur le terrain. Disponibles H24, ils sont 1000 sur tout le territoire et 25 au service central. Reconnaissables à leur combinaison blanche jetable en polyester, munis de gants – tout cet équipement dans le but de ne pas « contaminer » les lieux –, ils possèdent, pour chaque type de scène, une valise spécifique. Dans le cas d’une explosion, celle-ci contient des sachets, du coton, de l’acétone et un cordon de sécurité. Après avoir établi un périmètre de sécurité en fonction des indices trouvés, les agents commencent par figer les lieux en prenant des photos et en notant ce qu’ils voient et ne peuvent prélever, même les choses les plus anodines. Certains experts sont capables, par exemple, de déterminer, à l’odeur, des composants d’explosifs. Quelle que soit l’ampleur des dégâts, la recherche d’indices s’effectue toujours de la même façon. « Nous partons du cratère de l’explosion, détaille l’officier de police adjoint au département. Après l’avoir mesuré, nous nous en écartons en suivant un canevas en spirale. » Sachant que certains fragments sont parfois projetés à plus de 500 m, cette spirale peut s’étendre très loin. A leur tour, les pièces sont prises en photo, mises sous scellés dans un sachet ou une enveloppe en papier kraft, numérotées et acheminées jusqu’au laboratoire de dactylotechnie. Un labo où se trouvent des appareils haute technologie permettant de matérialiser ce que l’œil est incapable de voir. A l’image des « crime-lites », lampes de très forte intensité, à la lumière desquelles apparaissent les empreintes digitales traitées avec des produits chimiques. Plus spectaculaire encore : la chambre où la fumigation de cyanoacrylate (super glu) chauffé à 120°C permet de faire apparaître des empreintes. La technologie a même rendu cet appareil transportable directement sur une scène de crime. La police scientifique y a eu recours lors des attentats de Madrid et de Londres. S’il est quasi impossible de trouver des empreintes digitales lorsqu’il y a explosion, elles sont souvent d’une importance capitale quand une bombe est désamorcée. « En général, il en reste toujours sur le ruban adhésif qui entoure la bombe ou sur le système de mise à feu », explique le chef de service de l’identité judiciaire.

Téléphone portable explosé
C’est dans son département qu’arrivent les traces révélées dans le laboratoire de dactylotechnie. Scannées, elles sont ensuite étudiées au millimètre près par des experts qui, d’après les sillons, les crêtes, les bifurcations des lignes, établissent des rapprochements avec les personnes recherchées et fichées dans une base de données d’environ 800 000 délinquants, criminels ou suspects. « Si le suspect n’est pas fiché, les empreintes restent dans la base jusqu’à ce qu’on retrouve leur propriétaire, poursuit-il. Mais si les empreintes sont exploitables et si le suspect se trouve dans cette base de données, le résultat est positif dans 100% des cas. » Les débris métalliques des véhicules et les bouts de pneus calcinés sont envoyés à la section des explosifs où les scientifiques s’attellent à trouver des traces de TNT, TATP et autres RDX. Un vrai travail de fourmi, long et minutieux. « Nous cherchons les éléments minéraux (oxydants, nitrates, sulfates…) et organiques (TNT, DNT…) », explique la responsable du département scientifique. Frottis, bandelettes, plaquettes, solutions : aucune matière explosive ne peut échapper à l’arsenal des chimistes. Afin d’être efficace plus vite, le laboratoire dispose depuis un an d’un « vapor tracer », un appareil en forme de caméra, transportable, permettant d’analyser les frottis directement sur la scène de crime. « On insère les prélèvements et les taux d’explosifs s’affichent immédiatement sur l’écran. Seul souci, il n’est pas encore fiable à 100% et nous devons parfois refaire les analyses. » Mais les spécialistes ne se limitent pas à l’étude des débris des voitures ou de bombes, ils s’intéressent aussi de très près aux systèmes de mise à feu. Quand ils les retrouvent. « Même explosé, un téléphone portable peut s’avérer très utile, car susceptible de porter aussi des traces d’explosif », souligne un scientifique en nous montrant un sachet contenant un clavier et une coque explosés de mobile. Une fois les analyses validées, l’ultime démarche consiste à les recouper avec celles d’explosions plus anciennes et mettre à jour des similitudes qui faciliteront la tâche des enquêteurs. Un tout autre genre d’identification se fait au rez-de-chaussée : celle des corps remis au médecin légiste. A lui d’identifier les victimes quand elles ne sont plus reconnaissables et/ou la cause du décès. Bijoux, vêtements, peacemaker, traces chirurgicales, carte dentaire…, les éléments externes et internes au corps sont confirmés par le profil génétique de la personne. C’est à ce niveau qu’intervient la trentaine de biologistes du labo ADN, formés en France, en Belgique, en Espagne ou encore en Turquie. Grâce à eux, il est désormais possible de restituer des parties du corps à une même personne dont le corps a été déchiqueté par l’explosion. Une simple tache de sang leur suffit. « Si nous avons très peu de cellules à disposition, nous en extrayons l’ADN pour ensuite le multiplier », précise un biologiste. Chaque étape se déroule dans une salle différente, stérile, où les experts travaillent avec des gants, un masque et une charlotte. Un simple cheveu ou un simple postillon suffirait à contaminer l’échantillon et à faire apparaître deux profils génétiques.

Des millions de copies ADN
Le résultat est impressionnant : dans un tube d’à peine 1 cm, tiennent des millions de copies d’ADN qui seront traitées par une machine et transmises à l’ordinateur chargé d’élaborer le profil génétique. « En le comparant avec d’autres profils, de parents ou d’enfants, conclut-il, nous pouvons de cette façon valider l’identité des victimes. » Suite à un attentat où des armes à feu sont utilisées, il arrive enfin que le département de balistique soit aussi mis à contribution. Avec les douilles prélevées par les techniciens, les policiers sont en mesure de définir les armes —et leur nombre — utilisées. Près de 20 000 spécimens de douilles, recueillis depuis 1992, sont enregistrés dans le système informatique. « Avec les Etats-Unis, l’Afrique du Sud, l’Espagne et la Turquie, nous faisons partie des cinq pays à utiliser la technologie de pointe IBIS. L’Algérie se classe parmi les meilleurs avec 500 affaires résolues, précise le sous-directeur de la police scientifique en montrant le certificat attestant de la performance. Nous allons bientôt franchir le seuil des 1000 affaires et moderniser encore davantage nos équipements avec une technologie en 3 dimensions. » La police scientifique algérienne fait également partie des rares dans le monde à s’être dotée d’un microscope à balayage électronique, nouvelle génération, capable de grossir 200 000 fois. En pratique, la police scientifique peut maintenant comparer une fibre textile trouvée sur les lieux à celles de la veste d’un coupable présumé. Ou, encore plus fort, d’identifier des résidus d’explosifs trouvés sur les mains d’un suspect qui aurait manipulé une bombe.

Mélanie Matarese

Source : www.elwatan.com

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